jeudi 28 juin 2012

Le jour où je me suis offert une séance de RRRHHHHHHooooo

Pour un petit bobo
au sujet duquel
je ne veux pas discourir
je n'aime pas
ne supporte pas
être malade
souffrante
ou handicapée
le bobo ne me fait pas bander
gnangnan peut-être
mais pas dans la douleur
je n'y trouve aucune compensation
aucune valeur ajoutée
même plus un simple jus d'orange
plus personne pour me le tendre
d'une main
l'autre posée sur mon front
avec un fond d'inquiétude dans le regard

Plus rien
vous dis-je
si suis malade
suis fuie
je me démerde

seule

Ce qui me booste
et sied parfaitement
à ma nature

Bref

Lasse de dissimuler
un traînage de patte
fort peu élégant qui me fait
curieusement
ressembler à une vieille chouette
bougonante
me refusant à m'appesantir sur mon cas
laissant à d'autres le privilège de le faire
et amoureusement (RRRHhhooooo)

Mais parfois
parfois

Le bateau prend l'eau de tout bord
je sais que je ne peux continuer
sous peine d'être summergée
qu'il faut que cela cesse

Il me faut me reprendre en mains
ou plutôt
m'abandonner entre celles d'un professionnel
celles d'un ostéopathe

Rendez-vous pris
alors que la douleur semblait
sur le point de s'estomper,
tout en sachant
que la fourbe
la drôlesse
est joueuse
aime à se dissimuler
pour mieux réapparaître

Bref
vous dis-je
je vais chez l'ostéo
le garagiste des corps
à qui je confie son rééquilibrage

Et qui après un court interrogatoire
s'y attelle derechef

et c'est parti pour une séance
et sans même me dévétir

de ...

petit con
tu vas arrêter, arrête !
mais ! tu vas m'obéir
suis ta mère !

Car oui,
j'avais oublié  ce détail
le thérapeute se trouve être
par le plus grand des hasards
mon fils
celui auquel j'ai donné la vie
et sans péridurale

Le même qui s'est obstiné à ne pas dormir
jusqu'à l'âge de 2 ans
révolus
dont je ne supportais pas les cris
qui me faisaient me précipiter
pour le consoler
le réconforter
à l'abri dans mes bras
la prunelle de mes yeux

Tout cela pour vous dire
combien
en bonne mère méditerranéenne
il m'a
comme il se doit
et sans le vouloir
fait souffrir
le fiston
(j'aime bien jouer la mater dolorosa,
 c'est tout un art,
 je m'entraîne,
 promis bientôt je serai crédible !)

Je reprends


Ingrat !

Tu n'as pas honte !

Sous prétexte
que tu as appris
une nouvelle méthode
la NIROMATHE
qui révolutionne ta pratique

Tu trouves cela juste
de me faire subir çà
à moi
ta mère !

Il me regarde
vaguement
et nullement impressionné
continue

Je me soumets donc
à sa pression
digitale
systémique
appuyée
tout au long de la colonne vertébrale
sur les côtes

et je  lutte
pour
ne pas me trémousser
étouffer des rires
fous
et surgissants

Échoue

évidemment

Il attaque l'aîne
et les jambes

qu'a-t-il fait ?
il s'est taillé le doigt ?
ça devient moins drôle
je le menace
échange de regards
inversion des rôles
aujourd'hui
c'est lui qui sait
lui qui commande
demande le respect
que je lui fasse confiance

Je cède
ai-je le choix ?

Ah,

Tiens

ben

c'est tout ?

c'est déjà fini ?

t'es sûr ?

C'est curieux,
il me faut le reconnaître
le pied semble aller
mieux

bien même

Mais alors
le corps
le corps

un délice
tout léger
tout délié

il m'a rendu un corps harmonieux
et intelligent
un corps qui m'était devenu étranger
et que je suis si heureuse de réintégrer
un corps qui a de la tenue
avec une colonne souple
un ventre en creux
un cage thoracique libérée

et je suis
bien obligée
de reconnaître
que cette sensation est un soulagement
sans nul autre pareil



Et que dès demain
je téléphone
pour refixer un rendez-vous
pour dans une quinzaine
pour renforcer
stabiliser la situation

Merci monsieur Mon Fils
(notez les majuscules de la mère fière)
moi si critique
caustique
dont tu vantes et partages
le mauvais esprit
moqueur
teinté de cynisme
suis obligée de reconnaître
que bon,
j'ai joué à la patiente impatiente
mais pas trop,
reconnais-le,
juste je me suis exprimée,
et là maintenant
par la présente,
Jules,
je te remercie ...


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