Être invitée à déjeuner
dans un petit resto tout mignon
un confidentiel
lové dans une rue malfamée
Une discussion de travail
des dossiers ouverts
envol des feuilles neutralisé par nos verres.
Nous prenons des notes,
échangeons des informations
quand soudain je réalise qu'une assiette
fumante
a pris place devant moi.
Je la regarde
avec délectation
Les arômes s'en échappent
titillent mes narines, les enivrent
me donnent un sourire roucoulant
Je lève la tête
Notre hôtesse nous fait face,
attentive
elle attend nos réactions
et moi
je la regarde avec admiration
Elle toute petite
toute menue
jolie
gracieuse
notre hôtesse
notre cuisinière
et pourtant je vois bien
l'énergie bouillonnante
qui coule dans ses veines
qu'elle fait partie de la race
de celles dont on dit qu'elles ont des couilles
expression qui me laisse pour le moins pantoise
parce que non,
enfonçons de portes ouvertes,
mais il est des choses qui doivent être dénoncées
les femmes ont certes des glandes,
des ovaires
qu'elles gardent pour elles
bien au chaud
sans en faire étalage
sans les poser sur la table
et des lacrymales qui se déversent
en flots de lassitude
de découragement
des sudoripares
qui saturent leurs fronts
qu'elles épongent
d'un rapide revers de main
Elles avancent
lasses
harassées
se riant d'elles-même
car rien n'est grave
qu'elles ne peuvent s'arrêter
qu'il leur faut avancer
pour ne pas tomber
et puis rire jusques aux larmes
pour mieux creuser sur leur visage
des crevasses et des rides de douleur
Seules
abandonnées
par des hommes
qui veulent vivre leur vie
la tête calée
contre des fesses jeunes et rebondies
Ils s'amusent
elles assument
leurs contradictions
leurs contradictions
Elles baissent les bras
parfois
Mais n'abdiquent jamais
Elles s'effondrent
et gardent la tête haute
Car elles savent
ou croient
que plus personne ne veut d'elles
trop vieilles
trop tard
plus de regard qui s'égare sur leurs corps
elles sont devenues transparentes
elles se vivent insignifiantes
Alors elles pourront vous avouer
être lâches
vivre la peur au ventre
vous diront ne pas avoir le choix
elles portent dans leur ADN
la responsabilité de la vie
entretenir la flamme,
vestales à la temporelle immortalité
Moi que de remplir une feuille d'impôt
me transforme en écolière
face à l'épreuve de la dictée
moi qui me prépare mentalement 2 mois à l'avance à traverser le monde
seule
à l'abri d'une carlingue
moi qui traverse nuitamment ma ville
fesses concaves à force d'être serrées
main profondément enfoncée dans la poche
et crispée sur une bombe lacrymo
moi qui appréhende de me retrouver en tête-à-tête avec ma boîte aux lettres
lui est fixé un rendez-vous régulier et hebdomadaire
Moi qui au quotidien galère et rame
Moi qui ai le sentiment de jouer à l'adulte
Moi qui quelque fois a des difficultés à me faire respecter et ne vous parlerai même pas de me faire obéir
Moi qui parfois en arrive à pratiquer l'auto-flagellation, me traite de nouille sans sel et trop cuite
Moi, qui me reconnais fragile
j'ai appris à tomber
et à me relever
encore
et encore
step by step..............
RépondreSupprimerTu écris des textes qui remuent tout en nous pfiou....
RépondreSupprimerDans la 2ème partie, je me rends compte que je me reconnais dans ce que tu dis... juste la dernière phrase est différente... j'ai appris à tomber, mais pas à me relever... Plus...
Passe une bonne soirée et continue à nous écrire d'aussi belles choses de la vie. Bisous