vendredi 1 juin 2012

un jeudi soir ordinaire



C'était un jeudi soir de bouderie.
Amoureux parti, amoureuse à consoler,
je me balade dans les rues marseillaises
pilote automatique enclenché
direction Undiz
pour un soutien-gorge blanc.
Tête des mauvais jours
dissimulée dans le guidon
je me faufile dans la jungle luxuriante et multicolore
de soutifs et culottes
à froufous multicolores
bousculées à grands coups de sacs et de coudes 
par des petites nanas affairées et piaillantes.
Bref la sensation de courir en Louboutin
sur les pavés aixois

Je veux du sobre
du discret
qui se fait oublier
sous mes tenues transparentes
et opte pour du raisonnable
du chair
du rembourré 
du généreux
du suivez-moi jeune homme
du trompe couillon
du regardez-moi dans les yeux

me tourne

me dirige vers la caisse

lorsque la caissière se désincarcère de son fauteil
et meugle
" Woau (en marseillais dans le texte)
mesdames
la CB est en panne
celles qui veulent VRAIMENT
acheter
ya un distributeur pas loin"

Et va fa ...
Et va reposer l'article
Et me traîner
Dissimuler mes mauvaises humeurs
derrière mes lunettes mouches
tête lourde
cul de plomb
direction Séphora
bon de réduction dans le sac
faut que j'me fasse plaisir
faut q'j'me fasse plaisir

Ah Séphora
le remonte moral
de celle qui s'est fait remonter les bretelles
là où l'on oublie l'essentiel
et se penche sur le détail
le royaume de la nuance
l'empire du ce n'est pas pareil
où tout est une question d'éclairage
(et là, permettez que j'ouvre une parenthèse :
la nana qui se contorsionne sous tes spots
qui peste
cherche la bonne inclinaison
la bonne réfléxion
et sort au soleil,
c'est moi
alors
oh
madame Séphora
tu vas nous le revoir ton p ... éclairage !!!)
Mon but
ma douceur
mon bonbon
un crayon
marron
qui réchauffe les paupières
les réveille
les illumine
les paillette
leur donne une lueur d'intelligence
qui me manque
parfois
cruellement
un gras
un résistant
un imperméable
qui fait face
à mes longues journées laborieuses
en plein cagnard méridional.

J'hésite
longuement
fais monter le désir
fais durer le plaisir
promène entre Make up for ever
et le Urban Decay
compare
teste
et me fais conseiller par une vendeuse jeune fraîche
aux lèvres carmins

Me décide
je le VEUX
le marron
glacé
et caliente
qui sème des étoiles dans mes yeux.

Échange de sourires
nous nous sommes comprises
la fin du calvaire pour ma marchande
qui plonge avec délice dans ses tiroirs
et vous l'aurez deviné
en revient
bredouille

Suis-je donc
sous influence
suis-je donc si ordinaire
suis-je donc madame tout-le-monde
celle qui craque sur la rupture de stock
toujours dans la tendance
avec quelques jours de retard ?

Crispation dans les épaules,
grand soupir tremblé
dérisoire tentative pour relâcher la pression
repartir
sans se départir de sa grimace
pardon
son sourire



Direction Casino City
Ménagère Land
se fournir en feuilles de lessive
et fourbir mon linge
à l'abandon dans les panières.

Et bien vous savez quoi ?
Vous me voyez venir ?
Et oui,
ils en avaient !

C'est bien ma chance ça
c'est l'histoire de toute ma vie
c'est mon kharma
c'est une caballe
la conjuration des imbéciles

moi qui était bien décidée à claquer le beignet
à la maman
à la ménagère
croisée avec un polichinelle
prête à bondir de sa boîte
à faire sa fête
à la femme libérée
à la maîtresse de sa vie

bon,
ben
voilà
faut se résigner
accepter
ne pas lutter
garder ses forces pour le repassage

ou se suicider
en plongeant du haut du trottoir

non,
là je déconne (pour le repassage)

En attendant,
je n'ai pas eu mon échantillon, et ça sur l'échelle de Richter  !


Et puis tiens je reprendrais bien un petit coup de Gotye, pour la route


2 commentaires:

  1. tu m'as bien fait rire avec ton billet, la chance ça va, ça vient !!!

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  2. Hihihi, la loose du shopping plaisir, bienvenue au club! j'aime j'aime

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