Etrangetés de saison

Pas que je veuille narguer les mal-chanceuses
les plus nordiques
les handicapées climatiques
mais il me faut vous l'avouer
ici
chez moi
je vis
savoure
jouis
de ce qu'il est coutume d'appeler
l'été indien.

Cette saison
qui n'en est pas une
mais plutôt un cadeau divin
qui ne saurait durer
et n'en est que plus précieux
génère des incongruités
et des situations cocasses
de celles qui m'étonnent
et me mettent en joie

Et de lézarder
au soleil doux et couchant
et de surprendre
sans entendre ni écouter
une conversation
entre une jolie tanagra aux mollets justement musclés
et un vacancier aux tongs éculées


et de me repaître
à l'heure du déjeuner
aux côtés de doudounes suffocantes
et de marcels triomphants

Et moi
me direz-vous
et bien moi je joue les résistantes en sandales
pieds sinistrés
ampoulés
tombés au champs d'honneur de la ballerine en chaleur
attendant
mais sans hâte
que la bise soit venue ...