lundi 18 juin 2012

Un jour j'ai boudé, et ce fut Le Grand Soir

et durant deux heures
sans discontinuer.

Banal,
direz-vous

exceptionnel, vous répondrais-je,  en ce qui me concerne.

Combien de fois
ai-je promis
"je ne te parle plus
je te lève la parole"
jurant que l'on ne m'y reprendrai plus
que là
c'était grave
qu'il me fallait acter
ma blessure
mon opposition
marquer mon territoire
en opposant un silence
pesant
lourd de sens
et renvoyer l'autre
à sa méditation
sa prise de conscience
sa réflexion

Oui,
mais
voilà
je suis incapable
de résister
à la tentation
Un mot gentil
d'un sourire
une plaisanterie
et déjà
j'oublie.

Quelle buse !

Mais cette semaine,
pour la première fois
de ma longue vie
un petit accrochage
une discussion
virant à la discorde
mettant à jour une incompréhension
et j'ai tenu bon
et même plus de deux heures.

Bon, d'accord,
entre le début de cette mésaventure
et la réconciliation
il y eu une séance
de cinéma
la salle obscure
et le silence imposé
par les circonstances.

Mais n'allez pas imaginer
que ce soit plus simple !
Essayez donc deux heures durant
oui, j'insiste deux heures
de demeurer assise
dans une salle d'art et d'essai,
bien connue pour son confort
aux normes des années 80,
à côté de l'aimé l'objet de votre courroux
tout en lui tournant le dos !
Ah, il m'en a fallu de la constance
et de la détermination,
car monsieur Ch
l'avait bien choisi le film
drôle
transgressif
jouissif
et au titre
si prémonitoire,
"Le Grand Soir" !
Était-ce de la prémonition ?
De la provocation ?
J'hésite

1h35'
à feindre
l'indifférence
à croiser
décroiser les jambes
me contorsionner
et me faire souffrir
retenir mes rires
pour dissimuler mon plaisir
combattre
entrer en résistance
faire ma rock'n roll révolution

Car nom d'un petit bonhomme,
on ne m'a pas comme ça moi !
Suis devenue rebelle
une dure à cuire !




Non,
ne vous moquez pas
ne me raillez pas,
essayez de tenir 1h35'
en compagnie
de la folie de Poelvoorde
du talent de Dupontel
du charme étrange et délirant de Brigitte Fontaine
sans éclater ni tonitruer

Non,
mais regardez !


Ah, vous, voyez, 
vous me croyez
vous m'admirez maintenant !

Bon, maintenant,
pour les inquiètes,
pour celles que vraiment cela intéresse
Monsieur Chéri et moi allons bien :
dès notre sortie du cinéma
il a fait montre de compréhension
l'incident était clos
et dans ma grande mansuétude
je l'ai autorisé à m'offrir le verre de la réconciliation
dans notre pub préféré.

N'auriez-vous pas croisé un couple d'amoureux
gondolé, gondolant
rieur et riant
se narrant des scènes irrésistibles
mardi soir
du côté du Vieux-Port ?
Non ?
Mais où étiez-vous donc ?




4 commentaires:

  1. J'adore ton texte et je te comprends tellement!!
    Bises

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  2. en plein dans le mil ! que c'est chiant de bouder et pourtant ce serait certainement necessaire ! mais bon, on ne peut changer sa nature ! on aime les rapports simples (et surtout pas de force) et subtils et joyeux!! que veux tu ainsi vont les hommes !
    bisous

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    1. ... et ainsi vont les femmes ...
      Mais le film est comme je les aime. Lui aussi ...
      Bises cocotte

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