Oui, je t'appelle
comme toujours
lorsque je serais partie
lorsque je quitte Marseille
que je suis en chemin
pour te retrouver
je te dis quand
tu me dis où
je ne peux te donner d'heure
rien ne dépend de moi
et aujourd'hui
moins encore
une convocation
un impondérable
un bouleversement
un fracas
un truc
un machin
et tout est
compromis
bouleversé
moi y compris
et je m'enfuis
vers toi
me consoler
m'épancher
mais pas trop
juste oublier
feindre de tourner une page
passer le temps
un moment
de douceur
de rires
de filles
Bref suis en retard
je cours
n'y arrive pas
trop chargée
trop chaud
trop de monde
de bousculades
J'y suis
m'installe
je t'appelle
rencontre le vide
le cœur à l'envers
au bord du précipice
imagine
ta disparition
et personne pour m'en informer
va-et-vient incessants
entre insensé et raisonnable
tentatives avortées
d'adoption
de la solution logique
grossissant mon chagrin
frôlant la panique
Je regarde autour de moi
en quête d'un regard
d'une connivence
Rien
Indifférences ensommeillées
Acharnés du claviers
qui tapent s'énervent
et puis s'élèvent
des putains
des ça ne marche pas
des téléphones
échouent
sur des genoux
tentatives feintes
d'euthanasies technologiques
Je me sens moins seule
Tu es vivante
Mais maintenant
nouvelle inquiétude
nouvelle agitation dans mon bocal
nouvelles brouettées de bordel de brou de noix
je t'interroge
télépathiquement
comment
allons-nous nous retrouver
Tu ne me réponds pas
tu n'es pas connectée
ton réseau est saturé
Toi
mon amie
ma Tournesol mâtinée de Castafiore
celle de mon enfance
de toujours
à jamais
toi pour qui un téléphone
recèle
tant de secrets
toi qui face à lui
égraine tes chapelets de
"ça ne marche pas"
suivis de
"ces trucs-là, c'est pas fait pour moi"
vas-tu comprendre
pressentir
que je suis là
en chemin
pour te retrouver
toi l'injoignable
à portée de main
à une encablure
moi dont le fil est coupé
vas-tu m'attendre
toi l'impatiente
ne vas-tu pas
toi aussi
mettre en branle
ta machine
à spéculations
notre week-end
est en péril
sacrifié sur l'autel
du mariage
de la technologie et de la paranoïa
Et déjà
j'envisage le retour
m'interroge
attendre
combien de temps
avant que l'angoisse ne m'emporte dans ses flots tsunamiques
J'emerge
à l'air libre
étouffant sous le poids du soleil
fourmis dans les pieds
mouches sur les yeux
cachant l'empreinte des stigmates de ma bêtise
au tout venant
et à elle
qui est là
paisible
lisant un article
son magazine
Elle tourne la tête
dans ma direction
sourit
brandit
son téléphone
et je devine sur ses lèvres
noyé dans son sourire
"ça ne marche pas"
signal
sirène
autorisation
ordre
d'échappée du soupir
d'un rire libérateur
de ma boîte de pandore orange
C'était le vendredi noir
d'une femme orange
qui se croyait libre
se rêvait sans attaches
qui était liée à un opérateur
dont elle ignorait
l'inconsciente
qu'il la tenant
elle et ses petits bonheurs
dans sa main de géant orangé
qu'il lui suffisait de fermer
pour la broyer
la froisser
selon la matière
dont elle s'était carapaçonnée au levé du jour
Pour la vidéo
c'était trop facile
à la limite téléphoné
comprenez que je n'ai pas pu résister ...
Je l'ai trouvé bien chouette ce texte !
RépondreSupprimerAvant d'avoir lu la fin, je savais qu'il serait là!
RépondreSupprimerBises Madame J.
Que sommes nous sans technologie...
RépondreSupprimerBon il était la c'est le principal
Bisous
Très chouette ce texte, bravo !
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