Samedi
Aix-en-Provence
fin de matinée
fin de marché
début d'après-midi
quelques amies
dont moi
attablées
un apéritif tardif
Nous refaisons le monde
parlons politique
des élections à venir
de l'espoir
et puis de nos hommes
ceux du passé
et ceux du présent
de nos parents
de nos enfants
de crème de beauté
nos récentes découvertes littéraires
et de la petite robe que l'on veut s'offrir
tout cela dans le désordre
avec des vas et viens
incompréhensibles
pour les non-initiés
les hommes
bref
une banale conversation de filles
Et puis je la repère
elle
la bicyclette
si belle
que je l'immortalise,
enfin,
(quelle prétention !)
je la photographie
Et de nous souvenir
de vacances à l'Ile de Ré
de ma maladresse
de mes plaintes
contre une selle inadaptée à ma physiologie
qui s'obstinait à s'incruster dans mon fessier
mes râleries en rafales
les moqueries justifiées
et nos rires mélangés
Suis pas rancunière
il me plaît ce vélo
et je me mets à rêver
d'en posséder un similaire
et de me faufiler dans la circulation marseillaise
(je vous rappelle que je rêve)
quand sa propriétaire apparait
qui
me secoue
me réveille
Celle que j'enviais
il y a quelques secondes encore
elle est là
solide vieille dame
déterminée
Elle nous ignore
c'est une battant
pour sa survie
une glaneuse
une fouineuse
qui récupère
dans les cagettes abandonnées
les fruits ignorés
les légumes méprisés
et recycle
et n'a pas de temps à perdre
elle se bat
contre le temps
car déjà
le ballet des balais
et des lances à eau
menace
L'œil est aguerri
le geste précis
elle jauge
soupèse
choisit
s'empare d'un melon
de quelques pommes
les range sur son vélo
et puis l'enfourche
et disparait
Elle n'est plus
mais je m'interroge
qui est-elle
est-ce une militante de la décroissance
une victime de la solitude
des retraites indigentes
comme le sont si souvent celles des femmes
quelle fut sa vie
et moi,
ma vie,
ses turbulences,
qu'est-ce qu'elle me réserve
qu'est-ce qui m'attend
Et voilà,
c'est malin
ce samedi en fin de matinée
début d'après-midi
j'ai bien failli avoir le bourdon
si je n'avais pas eu
des amies
L'œil est aguerri
le geste précis
elle jauge
soupèse
choisit
s'empare d'un melon
de quelques pommes
les range sur son vélo
et puis l'enfourche
et disparait
Elle n'est plus
mais je m'interroge
qui est-elle
est-ce une militante de la décroissance
une victime de la solitude
des retraites indigentes
comme le sont si souvent celles des femmes
quelle fut sa vie
et moi,
ma vie,
ses turbulences,
qu'est-ce qu'elle me réserve
qu'est-ce qui m'attend
Et voilà,
c'est malin
ce samedi en fin de matinée
début d'après-midi
j'ai bien failli avoir le bourdon
si je n'avais pas eu
des amies
Une fidèle amie à moi aussi!!
RépondreSupprimerJoli poème et bess photos
RépondreSupprimerBisous
... Et une belle bicyclette, et une belle dame
RépondreSupprimerLe courage, c'est toujours beau ...